Suzy Solidor - Qui était celle que l’on surnommait la Madone des Matelots ?

L’artiste aux milles vies

Antiquaire, romancière, actrice, chanteuse, mondaine ou encore gérante de cabarets, Suzy Solidor est un personnage à part qui s'est élevé au rang d'icône dans les année 30 grâce à son talent, et à sa vie digne d'un roman. 

Née en 1900 à Saint-Servan-sur-Mer, que l'on connait aujourd'hui sous le nom de Saint-Malo, l'artiste était alors seulement Suzanne Marion et ne connaissait pas son père; en réalité, elle s'était persuadée que son géniteur était un député répondant au nom de Robert Surcouf, un lien de parenté entre les deux n'a en revanche jamais été prouvé. 

En grandissant, Suzy Solidor choisit une vie de femme libre et indépendante, elle sera d'ailleurs l'une des premières femmes à passer son permis de conduire et exercera le métier d'ambulancière pendant la Première Guerre Mondiale. Lorsqu'elle atteint l'âge de 20 ans, la jeune femme quitte sa ville pour rejoindre la capitale dans l'espoir d'embrasser une carrière dans le mannequinat. À Paris, elle rencontre l'antiquaire Yvonne Brémond d'Ars qui agira avec elle comme un pygmalion et fera d'elle une vraie mondaine. 

Lorsqu'elle a 33 ans, l'artiste décide d'ouvrir La Vie Parisienne, son tout premier cabaret, où elle se produit sur scène et charme le public grâce à sa voix grave et très chaude; elle fait d'ailleurs honneur à son héritage culturel et reprend des chansons de marins, ce qui lui vaut le surnom de Madone des Matelots. 

Très libérée concernant ses multiples relations, avec hommes et femmes, Suzy Solidor se défaisant volontiers des codes moraux de l'époque. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, sous l'Occupation, la chanteuse accueillant des soldats allemands dans son cabaret, un choix qui lui a valu un blâme de la part du Comité d'épuration et une interdiction d'exercer en France pendant 5 ans, ce qui l'a mené à vendre son cabaret. 

Partie en tournée aux États-Unis, l'artiste revient en France et ouvre un nouveau cabaret baptisé Chez Suzy Solidor, puis un autre à Cagnes-Sur-Mer où elle finira ses jours en 1983.